Ma chère Croûte divine, mon Benoîtounet d'amour,
ça faisait longtemps que je ne t'avais pas écrit. Pardonne-moi, moi qui ne mérite que de me rouler dans la fange, en compagnie de bêtes rampantes et fistuleuses...
Donc, voilà t'y pas que tu nous as sorti un jouli livre d'entretien intitulé sobrement "Lumière du monde" (je reconnais bien là ta douce humilité et ta modestie sans égale, avec cette utilisation au singulier du terme "lumière", et cette douce métaphore qui renvoie à ton savoir et à tes paroles pleines de sagesse).
Bon, je passe sur le fait qu'un livre d'entretien consiste à poser un enregistreur sur un bureau, à le laisser tourner une heure ou deux et à tout recopier benoitement (note mon subtil jeu de mots !). ça serait bien veule de ma part (mais n'oublie pas que je vis parmi la boue...).
Et donc, dans ce livre, tu abordes un sujet qui te préoccupe au plus haut point, et dont tu es un fieffé spécialiste, à savoir la sexualité.
Soyons honnête, et comme tu as raison, le sexe, c'est sale. Bon, on n'a pas trouvé autre chose pour que l'humanité se perpétue, alors faut bien faire avec, mais, tout de même, il ne faudrait pas oublier que c'est sale, qu'il vaut mieux le faire dans le noir, et juste dans le cadre très réduit de la reproduction.
Mais bon, comme les églises se vident et que tu vois bien que le plan marketing des Catholiques n'est pas dément (fais donc appel à nos amis publicitaires, je suis sûr qu'ils se feront une joie de t'aider...), tu nous annonces soudain, que, oui, bon, le préservatif, pourquoi pas...
Diantre, ma croûte, le Malin t'aurait-il possédé ? Moi qui buvais tes paroles jusqu'alors, me voici tout contrit et tout bouleversé !
Meuh non !!!
Il suffit de lire précisément ce que tu avances pour se rendre compte que, sous couvert d'un progressisme absolu, tu restes ma vieille croûte adorée bien réac comme je l'aime...
"Il
peut y avoir des cas individuels, comme quand un homme prostitué utilise un
préservatif, où cela peut être un premier pas vers une moralisation, un début
de responsabilité permettant de prendre à nouveau conscience que tout n'est pas
permis et que l'on ne peut pas faire tout ce que l'on veut"
Bin mon
saloupiaud, tu n'y vas pas par quatre chemins, dis-moi... Qu'est-ce que c'est
que cet exemple tout pourri ? Non, sérieusement ? Un homme prostitué ? Et une
femme non ? Il ne faut protéger que les hommes ? Mais bon, on sent bien que ça
t'obsède tout ça, et comme je te comprends... En tout cas, tu dois bien te
marrer en voyant nos amis des médias venir te servir la soupe... Merveille des
merveilles, l'Église Catholique admet dans certains cas le
préservatif... Ah bon, et si on n'entre pas dans tes catégories, on fait
comment ?
Non, parce
qu'en plus, non content de mettre des conditions, tu nous colles une bonne
louche de morale... Comme si la sexualité était un truc facile à vivre
pour tout le monde, tu vas en plus nous régenter tout ça... Merci, merci, mon ptit
furoncle adoré, c'est bien aimable de ta part !
Et une fois que tu t'es lâché, plus question de
t'arrêter, et comme tu n'as guère le sens de la demi-mesure (comme toutes les
religions, soit dit en passant), tu nous balances quelques phrases bien senties
et bien manichéennes :
«Se
polariser sur le préservatif signifie une banalisation du sexe et c'est
exactement le danger que beaucoup de gens considèrent le sexe non plus comme
une expression de leur amour, mais comme une sorte de drogue, qu'ils se fournissent
eux-mêmes»
Voilà,
voilà... Quelle belle comparaison que de comparer le sexe à la drogue... Bien
rassurante, bien sentie... Du grand art... Tu sais quoi
mon croûton aillé ? Arrête de faire le pseudo progressiste. Lâche-toi... Fais-toi du bien. Dis-nous que tu ne supportes pas que des gens puissent baiser simplement, parce que, toi, tu n'en as jamais eu l'occasion. Dis-nous que le bonheur d'autrui t'insupporte. Dis-nous que, toi aussi, tu aimerais bien, de temps en temps te rouler dans le stupre... Non, parce que là, je sens que tu ne vas pas bien... Il faut dire que je me suis toujours méfié des gens qui parle de sexualité sans qu'on leur ai demandé et qui veulent imposer leur point de vue sur la chose...
Allez Benoît, tu sais quoi, je t'envoie de ce pas des Bons FREUD. C'est comme un Bon FNAC, mais avec une thérapie à la clef.
En attente de tes douces nouvelles (j'attends avec impatience que tu m'envoies les photos promises de ta nouvelle garde-robe, tout en rubans et frou-frou), je te souhaite une merveilleuse année, et je m'en vais, de ce pas, fouetter mon corps impie avec des chats vivants, histoire de stimuler ma foi en toi.